Tensions Algérie-Maroc : un ancien Premier ministre marocain ravive les conflits

Les relations déjà tendues entre l’Algérie et le Maroc connaissent un nouveau rebondissement suite aux déclarations controversées d’Abdelilah Benkirane, ancien Premier ministre marocain. Lors d’une récente réunion de parti à Casablanca, Benkirane a revendiqué des territoires algériens comme appartenant au Maroc, ravivant ainsi d’anciennes tensions territoriales entre les deux pays.

Des propos expansionnistes qui ravivent les tensions

Abdelilah Benkirane, chef du parti islamiste PJD (Parti de la justice et du développement) et ancien Premier ministre marocain de 2011 à 2017, a tenu des propos pour le moins controversés lors d’une rencontre de son parti à Casablanca le 11 janvier. Il a notamment affirmé que Tindouf, Touat et Bechar sont des territoires marocains, reprenant ainsi une rhétorique expansionniste datant des années 1950.

Ces déclarations s’inscrivent dans la lignée du concept de « Grand Maroc » développé par Allal El Fassi dans les années 1950, qui englobait non seulement le territoire actuel du Maroc, mais aussi le Sahara occidental et des parties de l’Algérie, de la Mauritanie et même du Sénégal.

Une histoire conflictuelle entre l’Algérie et le Maroc

Les relations entre l’Algérie et le Maroc ont été marquées par plusieurs épisodes de tensions depuis l’indépendance de l’Algérie. En 1963, un conflit armé connu sous le nom de « guerre des sables » a opposé les deux pays, le Maroc tentant alors de s’emparer d’une partie du territoire algérien.

Bien qu’un accord frontalier ait été signé en 1972 entre les deux pays, reconnaissant les frontières algériennes, l’idée d’un « Grand Maroc » continue de ressurgir régulièrement dans le discours politique marocain. En mars 2023, un journal marocain avait publié une carte du Maroc incluant une grande partie du sud-ouest algérien, suscitant de vives réactions.

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Réactions et implications diplomatiques

Les propos de Benkirane interviennent dans un contexte déjà tendu entre les deux pays. L’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant son voisin d’actions hostiles.

Le parti algérien El Bina a réagi aux déclarations de Benkirane, accusant le Makhzen marocain d’être « atteint du complexe de l’occupation expansionniste coloniale ». Le parti s’interroge également sur la coïncidence entre ces déclarations et les attaques contre l’Algérie émanant de l’extrême droite française et de certains cercles israéliens.

Un contexte régional complexe

Ces tensions s’inscrivent dans un contexte régional plus large, marqué notamment par la question du Sahara occidental. Le Maroc occupe ce territoire depuis 50 ans, tandis que l’Algérie soutient le Front Polisario qui revendique l’indépendance de la région.

La rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc en 2021 a encore compliqué la situation, rendant difficile toute perspective de résolution pacifique des différends entre les deux pays.

Implications pour la stabilité régionale

Les tensions entre l’Algérie et le Maroc ont des répercussions sur l’ensemble de la région du Maghreb. Elles compliquent les efforts d’intégration économique et politique régionale, et peuvent potentiellement affecter la stabilité de la zone.

De plus, ces tensions ont des implications internationales, notamment dans les relations avec l’Union européenne et les États-Unis, qui cherchent à maintenir la stabilité dans la région. La position de la France, historiquement liée aux deux pays, est particulièrement délicate dans ce contexte.

Perspectives d’avenir

Malgré ces tensions récurrentes, certains observateurs estiment que les élites des deux pays pourraient jouer un rôle dans une éventuelle réconciliation. Cependant, les déclarations comme celles de Benkirane rendent ce processus plus difficile et alimentent la méfiance entre les deux nations.

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La résolution des différends entre l’Algérie et le Maroc nécessitera probablement un dialogue diplomatique approfondi et des efforts de part et d’autre pour surmonter les griefs historiques et les revendications territoriales. En attendant, la vigilance reste de mise pour éviter toute escalade des tensions dans la région.

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