La situation des sans-papiers en France connaît une crise sans précédent, marquée par un durcissement des lois et une augmentation des expulsions. Face à cette réalité, les associations et syndicats multiplient les appels à la mobilisation pour défendre les droits de ces personnes en situation précaire.
Un contexte politique défavorable aux régularisations
Depuis la chute du gouvernement Barnier en décembre, le processus de réforme de la circulaire de 2012 permettant environ 30 000 régularisations par an a été interrompu. Cette instabilité politique a entraîné des changements d’approche dans plusieurs préfectures, comme celle de Paris, qui ont suspendu les réunions de dépôt de dossiers de régularisation avec les syndicats.
L’ancien ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, avait clairement exprimé sa volonté de réduire les régularisations. Bien que la nouvelle circulaire ne soit pas encore en vigueur, certaines préfectures appliquent déjà des règles plus strictes, rendant les régularisations plus difficiles à obtenir.
Une augmentation inquiétante des expulsions
Parallèlement, on observe une hausse significative des expulsions en France. La nouvelle loi permet aux préfectures de rejeter davantage de demandes de titres de séjour, souvent pour des motifs considérés comme mineurs auparavant, tels qu’une ancienne obligation de quitter le territoire français (OQTF) ou des papiers non conformes.
Des associations comme la Cimade et la Ligue des droits de l’homme alertent sur ces pratiques qui aggravent la précarité des sans-papiers et rendent les régularisations quasi impossibles, même dans les cas les plus urgents. Cette situation contribue à créer un climat de tension et d’incertitude pour les personnes concernées.
Mobilisations et appels à manifester
Face à cette crise, les syndicats et les associations de défense des droits des étrangers appellent à des manifestations les 14 et 18 décembre. L’objectif est de dénoncer une politique jugée injuste et inhumaine, et de sensibiliser l’opinion publique à la situation critique des sans-papiers en France.
Ces mobilisations s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte pour les droits des migrants. Comme le souligne un article de Révolution Permanente, la journée du 14 décembre est particulièrement symbolique car elle coïncide avec la journée internationale des migrants.
Un avenir incertain pour les sans-papiers
Le projet de régularisation des travailleurs dans les métiers en tension semble désormais abandonné, laissant les sans-papiers dans une grande incertitude. Les associations appellent le gouvernement à clarifier rapidement sa position et à adopter des mesures plus respectueuses des droits humains.
Cette situation s’inscrit dans une longue histoire de l’immigration en France. Comme le rappelle un article de L’Histoire, la France est un vieux pays d’immigration qui a eu massivement recours à la main-d’œuvre immigrée depuis la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1970.
La crise sanitaire, un facteur aggravant
La pandémie de Covid-19 a exacerbé la précarité des personnes sans papiers en France. Comme le souligne une tribune publiée sur le site de la Fédération de l’Entraide Protestante, la crise sanitaire a mis en lumière l’importance d’ouvrir une voie pour la régularisation des sans-papiers, notamment pour des raisons de santé publique et de dignité humaine.
Cette crise sans précédent pour les sans-papiers en France soulève des questions fondamentales sur les politiques migratoires et le respect des droits humains. Elle s’inscrit dans un débat plus large sur la place des migrants dans la société française, comme l’analysent certains chercheurs dans un article de la Revue française de science politique.