Trois influenceurs algériens ont été interpellés en France en l’espace de deux jours, accusés d’avoir diffusé des contenus jugés violents sur les réseaux sociaux. Ces arrestations surviennent dans un contexte de tensions diplomatiques accrues entre la France et l’Algérie, alimentant les débats sur les relations entre les deux pays.
Une série d’interpellations d’influenceurs algériens en France
Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé dimanche 5 janvier l’arrestation à Montpellier d’un troisième influenceur algérien connu sous le pseudonyme Doualemn sur TikTok. Cet homme, qui compte 138 000 abonnés sur la plateforme, est accusé d’avoir lancé des appels au meurtre, fait l’apologie de la torture et tenu des propos antisémites dans une vidéo publiée sur son compte.
Cette interpellation fait suite à celles de deux autres influenceurs algériens les jours précédents. Youcef Zazou, arrêté à Brest, a été placé en détention provisoire, tandis que Imadtintin, interpellé à Echirolles, a vu sa garde à vue prolongée. Ces trois arrestations s’inscrivent dans une volonté affichée des autorités françaises de « ne rien laisser passer » concernant les appels à la violence sur les réseaux sociaux.
Des procédures judiciaires engagées
Les autorités françaises ont rapidement réagi à ces publications jugées problématiques. Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, a effectué un signalement, suivi par le préfet de l’Hérault. Une enquête a été ouverte par la police de Montpellier pour « provocation publique et directe et non suivie d’effet à commettre un crime », comme l’a confirmé le parquet de la ville.
Les conséquences pour ces influenceurs pourraient être importantes. La préfecture étudie la possibilité de retirer le titre de séjour de Doualemn et d’émettre une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) à son encontre. Quant à Youcef Zazou, il doit être jugé le 24 février par le tribunal de Brest pour apologie d’un acte de terrorisme.
Un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie
Ces arrestations interviennent dans un climat déjà tendu entre Paris et Alger. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a récemment exprimé des « doutes » quant à la volonté de l’Algérie de maintenir une relation constructive avec la France. Il a notamment critiqué la décision de la justice algérienne concernant l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, estimant que les raisons de son incarcération n’étaient « pas valables ».
Ces tensions sont également perceptibles dans les déclarations du président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a récemment affirmé que « l’Algérie ne sera pas engloutie par un simple hashtag », en réponse aux critiques sur les réseaux sociaux.
Des réactions contrastées en France
L’extrême-droite française s’est saisie de ces arrestations pour critiquer l’Algérie. Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, a accusé l’Algérie d’être derrière ces influenceurs dans le but de déstabiliser la France. Il a évoqué une possible « campagne de déstabilisation » orchestrée par des personnes proches du pouvoir algérien.
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte plus large de débats sur l’immigration et l’intégration en France, notamment après l’arrestation de deux influenceurs algériens qui a suscité de vives réactions dans les deux pays.
L’impact sur la communauté algérienne en France
Ces événements ont un impact significatif sur la communauté algérienne en France. Certains influenceurs, comme El Mordjene, continuent leurs activités malgré le climat tendu. Cependant, ces arrestations soulèvent des questions sur la liberté d’expression des influenceurs d’origine algérienne sur les réseaux sociaux et leur responsabilité dans le maintien de bonnes relations entre les deux pays.
Les autorités françaises et algériennes sont désormais face au défi de gérer ces tensions tout en préservant les liens historiques et culturels entre les deux nations. L’évolution de cette situation sera cruciale pour l’avenir des relations franco-algériennes et pourrait avoir des répercussions sur la diaspora algérienne en France.