Un vaste réseau d’escroquerie en ligne a été démantelé en Algérie, mettant fin à une série de fraudes ayant causé des pertes de plusieurs millions d’euros. La Brigade de lutte contre la cybercriminalité de Sétif a arrêté sept individus accusés de blanchiment d’argent, d’escroquerie et de fraude informatique. Cette affaire met en lumière l’ampleur croissante de la cybercriminalité dans le pays.
Un réseau sophistiqué d’arnaque sur les réseaux sociaux
L’enquête a débuté suite à la plainte d’un citoyen victime d’une arnaque sur Facebook. Les escrocs utilisaient des pages sur les réseaux sociaux pour proposer divers services fictifs, notamment la vente de smartphones à bas prix, la location de véhicules en leasing, et la prise de rendez-vous pour des visas étrangers. Ces annonces étaient accompagnées de faux témoignages et commentaires positifs pour gagner la confiance des internautes.
Une fois les victimes attirées, elles étaient invitées à fournir leurs informations personnelles et bancaires, y compris les coordonnées de leur carte « Edahabia » et leur code d’accès à l’application « BaridiMob ». Les criminels utilisaient ensuite ces données pour modifier les mots de passe des comptes et détourner les fonds.
Un préjudice financier conséquent
En 18 mois d’activité, le réseau aurait accumulé plus de 4 milliards de centimes, soit plusieurs millions d’euros, au détriment d’au moins 31 victimes identifiées. Ce chiffre pourrait encore augmenter au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête.
Des méthodes sophistiquées pour tromper les victimes
Les escrocs utilisaient des techniques élaborées pour mener à bien leurs activités frauduleuses :
- Achat de pages populaires avec un grand nombre d’abonnés
- Publication de fausses annonces et organisation de concours fictifs
- Utilisation de cartes SIM enregistrées sous de fausses identités
Une opération d’envergure pour démanteler le réseau
Face à l’ampleur de l’escroquerie, une enquête approfondie a été menée par la Brigade de lutte contre la cybercriminalité de Sétif, sous la supervision de la justice. Les investigations ont permis de localiser les suspects à Alger. Une opération coordonnée a conduit à l’arrestation de sept individus et à la saisie de matériel numérique compromettant.
Cette affaire rappelle d’autres démantèlements récents de réseaux d’escroquerie internationaux. En France, les gendarmes ont récemment mis fin aux activités d’un réseau criminel opérant depuis la Normandie, tandis qu’au Royaume-Uni, Scotland Yard a réussi à infiltrer un site utilisé pour des escroqueries en ligne touchant 70 000 victimes.
Des témoignages poignants de victimes
Plusieurs victimes ont partagé leur expérience, révélant l’impact dévastateur de ces escroqueries. Un citoyen de Sétif a perdu 6 millions de centimes en croyant obtenir un rendez-vous rapide pour un visa espagnol. Une autre victime a été dépouillée de 20 millions de centimes après avoir été séduite par une fausse offre de leasing automobile sur Instagram.
L’ampleur inquiétante de la cybercriminalité en Algérie
Selon Mohamed Farahta, commissaire et responsable de la cellule de communication de la sûreté de Sétif, 440 plaintes pour escroqueries numériques ont été enregistrées en 2024, dont 175 pour le seul dernier trimestre de l’année. Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence de renforcer la lutte contre la cybercriminalité et de sensibiliser le public aux risques liés aux transactions en ligne.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre la criminalité organisée utilisant les technologies modernes. En Europe, le démantèlement du réseau de téléphonie cryptée EncroChat en 2020 avait marqué un tournant dans la lutte contre le crime organisé, permettant la saisie de centaines de millions d’euros d’avoirs criminels.
Les autorités appellent les citoyens à la plus grande vigilance lors de leurs activités en ligne, en particulier lorsqu’il s’agit de partager des informations personnelles ou bancaires. Cette affaire démontre que la coopération internationale et l’adaptation constante des méthodes d’enquête sont essentielles pour lutter efficacement contre la cybercriminalité, un phénomène qui ne connaît pas de frontières.