Une affaire de corruption majeure impliquant l’opérateur de téléphonie mobile ATM Mobilis et un consortium algéro-chinois sera jugée ce jeudi 23 janvier par le tribunal économique de Sidi M’hamed. Les pertes estimées dépassent les 1000 milliards de centimes, résultant de pratiques de favoritisme et de mauvaise gestion dans l’attribution d’un contrat pour moderniser les infrastructures de l’entreprise.
Un scandale financier aux proportions démesurées
Le cœur de cette affaire concerne un contrat attribué à Tech 3 et SARL Data MENA pour moderniser les infrastructures techniques de Mobilis. Initialement estimé à 16,6 milliards de dinars, le coût du projet a explosé pour atteindre 100 milliards de dinars, soit une augmentation de plus de 500%. Cette hausse vertigineuse reste à ce jour inexpliquée et soulève de nombreuses questions sur la gestion du projet.
Selon des informations rapportées par le quotidien Echorouk, des cadres de Mobilis, y compris l’ancien PDG, font face à de graves accusations. Celles-ci incluent le détournement de fonds, les conflits d’intérêts et le favoritisme. Les enquêteurs ont notamment relevé des retards non sanctionnés, des surcoûts de stockage s’élevant à 11 milliards de centimes et des modifications suspectes du cahier des charges pour favoriser le consortium.
Une entreprise controversée au cœur du scandale
SARL Data MENA, partenaire du consortium algéro-chinois, se retrouve au centre de cette affaire. Les investigations ont révélé que l’entreprise manquait de personnel qualifié et d’expérience dans le domaine. Malgré ces lacunes évidentes, elle a été choisie pour mener à bien ce projet stratégique, ce qui soulève de sérieuses interrogations sur la transparence des procédures d’attribution des contrats publics en Algérie.
Des responsabilités à établir
Le procès prévu le 23 janvier visera à identifier les responsables de ce scandale financier. Les cadres impliqués devront répondre de leurs actions qui ont entraîné des pertes considérables pour les finances publiques. Selon le communiqué du Parquet, les faits remontent aux années 2018-2019, période durant laquelle la conclusion d’un marché « douteux » entre ATM Mobilis et le groupe d’entreprises s’est avérée préjudiciable à l’État.
L’enquête préliminaire a mis en lumière des faits « d’incitation de fonctionnaires à utiliser leur influence réelle ou supposée pour obtenir d’indus avantages et de complicité de dilapidation de deniers publics, blanchiment de produits obtenus par des actes criminels et de corruption ». Ces actes sont réprimés par les articles 389 bis, 389 bis2 et 42 du code pénal ainsi que les articles 26, 32, 42 et 52 de la loi de lutte et de prévention contre la corruption.
Des mesures judiciaires déjà prises
Le 15 avril 2024, le juge d’instruction près le pôle national a entendu toutes les parties impliquées dans l’affaire. Suite à ces auditions, il a ordonné la mise en détention des dénommés BS, Dj M et BO, tandis que 4 autres mis en cause ont été placés sous contrôle judiciaire. L’instruction de l’affaire est toujours en cours, comme le rapporte le site TSA.
Un impact significatif sur la gestion des entreprises publiques
Cette affaire de corruption chez Mobilis a des répercussions importantes sur la perception de la gestion des entreprises publiques en Algérie. Comme le souligne Observ’Algérie, les pertes financières considérables mettent en lumière la nécessité de renforcer les contrôles et la transparence dans l’attribution des contrats publics. L’opinion publique attend des mesures fermes contre la corruption et le favoritisme, deux fléaux qui continuent de freiner le développement économique du pays.
Les décisions de justice attendues dans cette affaire auront certainement un impact significatif sur les pratiques de gestion au sein des entreprises publiques algériennes. Comme le rapporte Le Républicain, l’incarcération d’anciens cadres de Mobilis envoie un signal fort sur la détermination des autorités à lutter contre la corruption.
D’autres affaires de corruption sous les projecteurs
Parallèlement à l’affaire Mobilis, d’autres scandales de corruption font l’actualité en Algérie. Notamment, un scandale à l’AADL impliquant deux notaires soupçonnés d’avoir détourné des milliers de contrats de logement. Cette affaire souligne l’ampleur des défis auxquels le pays est confronté dans sa lutte contre la corruption.
L’affaire Mobilis s’inscrit donc dans un contexte plus large de lutte contre la corruption en Algérie, comme en témoignent les différentes actions judiciaires en cours. Les autorités semblent déterminées à assainir la gestion des entreprises publiques et à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions de l’État.